Ophelie lauret
Les blogs étaient un fabuleux moyen d'expression pour laisser libre court à son imagination, griffer des notes, récits, histoires, poésies et textes engagés à qui voulait les lire. Mais c'est la photographie et le storytelling (l'art de raconter une histoire) qui m'ont davantage attirés chez eux, ces photographies très belles et la capacité de l'artiste à pouvoir raconter toute une histoire ou retranscrire une ambiance presque sans un mot.
Instagram se développait tout doucement fin 2010, j'ai commencé à alimenter mon compte plus régulièrement en 2011. En 2012, il m'a permis de faire de belles rencontres, notamment une qui est restée virtuelle d'une auteure de livre de cuisine réputée mais qui a provoqué chez moi une étincelle, en me disant « tu as quelque chose, un oeil, travaille-le ». Ce jour là, je suis restée bouche bée, que voyait-elle chez moi ?! Je ne connaissais absolument rien au monde de la photographie.
C'est comme ça que j'ai commencé à prendre en main notre Canon, réservé à nos voyages pour mettre en avant mes plats ou les moments de vie que je souhaitais immortaliser. Le plus gros de ma mémoire est visuel, capturer et figer l'instant est nécessaire pour construire mes souvenirs.
Puis en 2014, Instagram m'a propulsé dans une liste courte des comptes suggérés à tous les nouveaux abonnés pour deux semaines, j'ai pris plus de 30 000 personnes en 15 jours, je n'en revenais pas. Ca m'a déboussolé dans un premier temps car je ne pensais pas que ma vision des choses intéresserait qui que se soit et ensuite cela m'a fait travailler encore plus. La communauté que j'avais autour de moi et sur Instagram en général était bienveillante, créative, ça m'a poussé plus que jamais. En revenant sur la région parisienne, j'ai rencontré des personnes avec qui virtuellement nous avions accroché et un petit réseau s'est développé, ces personnes m'ont appris énormément. Elles étaient d'origines différentes, de milieux opposés, mais la passion pour les bonnes choses nous ont liés inéxorablement. Des marques nous ont approchées, les collaborations sont nées, la folie Instagram était enclenchée.
Grâce à Instagram et au blog, j'ai pu vivre une vie que dans ma vie à l'hôpital encore aujourd'hui je n'aurais pu vivre, elle m'a donné ce bol d'air, une bulle de liberté que je n'avais pas. J'ai conscience et je suis reconnaissante de la chance que j'ai, avec le recul je ne l'ai pas volé. Mais dans un monde où tout file, tout peut s'arrêter en un clic, je n'oublie pas que ma plus belle inspiration est la vraie vie, celle que l'on sent, que l'on touche, que l'on subit, que l'on choisit et c'est celle que l'on doit vivre en priorité, le virtuel restera toujours que du virtuel.
Qui a le plus impacté la manière dont tu cuisines et photographies aujourd'hui ?
Ma mère pour la cuisine a un talent inné pour faire que les choses se lient à la perfection dans une facilité déconcertante. Elle m'a permise d'être curieuse, elle nous faisait manger de tout.
La photographie, sans aucun doute ce sont des photographes et stylistes culinaires américaines, australiennes et européennes qui m'ont inspirées comme Aran Goyoaga (cannelle vanille), Luisa Brimble, Emilie Guelpa (Griottes), Linda Lomelino, Nora Eisermann et Laura Muthesius (Our Food Stories), Virginie Garnier, Coralie Ferreira.
Créativité
As-tu un process créatif particulier ?
Pendant longtemps et encore maintenant, je travaille à l'instinct. Cependant sur des projets que réalise pour des marques j'ai appris à avoir un process, recherche d'idées, création de mood board comme pour l'ambiance, les angles de vue, la vaisselle pour le stylisme, parfois je dessine mes idées plus pour des projets perso. Le jour du shoot, sur un mur, je colle plusieurs feuilles, celle pour organiser mes taches, celle pour réaliser la recette, celle avec le mood board et celle avec les demandes spécifiques des clients. Ensuite je prépare la vaisselle, les accessoires, le fond que je souhaite utiliser. J'ai repéré au préalable l'heure à laquelle je souhaite shooter, plutôt en fin de journée car j'aime une lumière très douce avec peu de hautes lumières, je fais parfois quelques essais. Lorsque je commence à travailler, je le fais sans musique et j'ouvre la fenêtre.
Quels sont les univers qui t'inspirent ?
Les univers moody comme de celui Jamie Beck @annstreetstudio, une artiste américaine habitant en Provence, aux talents incroyables, les univers simples et authentiques comme ceux d'Ana Zilhao @_goodoldfashionned et d'Amandine L'hyver, les gourmands comme Sneh Roy @cookrepublic et Martha Greber @whatforbreakfast.
ROUTINE
As-tu des routines ?
Je n'aime pas les routines, elles changent tout le temps car je n'arrive pas à m'y tenir ! La routine me fait peur, peur de l'ennui, peur de m'enfermer, le fait de ne pas en avoir a une contrainte : devoir s'adapter à chaque instant, je remets souvent tout en question, ce n'est pas toujours simple à vivre.
Comment fais-tu pour déconnecter après une journée de travail / le weekend ?
Je file au parc du château de Rambouillet, propice pour flâner, se reposer et faire du sport.
Mise en scène par Ophelie Lauret, Photographies par Louise Skadhauge.