Jennifer hart-smith
J’ai adoré faire la rencontre de Jennifer dans son appartement absolument sublime et j’ai été touchée par son état d’esprit et la manière dont elle parle de sa grand-mère. On a vraiment la sensation que Jennifer vient d’une famille de femmes fortes pleines d’amour. Je suis très admirative de ce que Jennifer a réussi à construire en quelques années et j’adore son approche très décomplexée, disant que “si la pâtisserie n’a pas vocation à être saine, elle peut au moins ne pas être délétère si on y met du plaisir et la conscience”. Ses biscuits sont d’une finesse et d’une poésie absolument magiques, toujours si bien mis en scène, parfois photographiés (notamment les portraits) avec l’aide de la très talentueuse Emilie Guelpa alias Griottes. Mais avant de devenir pâtissière naturopathe, Jennifer était graphiste. Elle a étudié le graphisme à l’école Boule à Paris puis la typographie à San Fransisco. C’est ce qui explique ses jolies typos sur chaque biscuit. Elle a ensuite fait une formation de pâtisserie classique avant de se rendre compte que les ingrédients utilisés ne lui correspondaient pas. En parallèle, elle a donc suivi des études de naturo pour combiner les deux et créer Tookies comme on la connait aujourd’hui. D’ailleurs, vous aviez deviné que Tookies = Typos + cookies ?
Bonne lecture !
x Louise
As-tu toujours eu l'envie d'être indépendante ? Y a-t-il eu un moment déclencheur ou une évolution s'est-elle faite petit à petit ?
Je pense à la naissance de ma fille. Je suis venue en Australie faire mon congé maternité dans ma famille et je ne me voyais pas revenir au même poste de graphiste qu'avant en France. J'étais sure d'une chose, j'avais besoin de me remettre en mouvement, de reprendre contact avec la matière et d'évoluer dans un cadre exigeant. La pâtisserie semblait parfaite puisqu'en plus, il était question de donner du plaisir aux gens.
Quels sont les univers qui t'inspirent ?
Honnêtement, de plus en plus, et plus que jamais : la nature, le vivant, on peut y lire tellement de métaphore, et tous les sens sont en éveil. Sinon la végétation luxuriante d'Australie où je passe mes vacances actuellement, et surtout les gens qui font et s'inscrivent dans un courant engagé et éco-responsable le plus naturellement du monde parce qu'ils savent qu'on ne peut plus faire autrement et qui se foutent littéralement qu'on parle d'eux. J'en connais des anonymes qui font beaucoup…
Tu cites parfois ta grand-mère australienne. A-t-elle eu un fort impact sur ce que tu cuisines aujourd’hui ?
Je ne connais personne qui aime autant le vivant qu'elle. Elle a un jardin de plantes natives incroyables et connais parfaitement la flore Australienne. D'une certaine façon oui, je la prends comme modèle, elle fut vraiment punk avant l'heure, elle ne pouvait compter que sur elle-même et malgré la pression pour faire bouillir la marmite pour ses trois enfants, elle est devenue entrepreneuse et fut l'une des première à créer sa marque de compléments alimentaires naturels dans les années 70. Elle était plutôt bonne dans les formulations, elle avait confiance en elle et a pris de gros risques financiers. Ça a plutôt très bien marché. Ce que j'admire c'est qu'aujourd'hui, elle vit simplement, recluse depuis une vingtaine d'années. Loin de tout, dans une joie constante et toujours aussi émerveillée par le vivant, elle ne radote pas, elle observe.. Je l'adore
3 cantines/ cafés où tu aimes te rendre à Paris ?
J'aime beaucoup la Fontaine de Belleville, Le petit panisse, et Bonne aventure à Saint Ouen.
As-tu des mantras que tu répètes régulièrement, qui te renforcent et t'aident à garder le cap ?
'Laisser être'... et 'Life is what happens while you are busy making other plans.’ Cette phrase de John Lennon, mon père la répète depuis toujours, c'est seulement récemment que j'ai intégré le message.
Jennifer Hart-Smith a été photographiée chez elle à Paris, par Louise Skadhauge.