Léa Bigot
Peux-tu nous raconter brièvement ton parcours
Je suis née et j’ai grandi sur l’île de la Réunion puis je suis partie à Paris après le bac pour étudier le graphisme et l’édition. J’ai terminé ces études par un master en stratégies du design orienté mode et luxe. J’ai commencé à travailler dans ce domaine tout en m’intéressant progressivement au volume et au monde du design d’objet et de mobilier au travers d’un projet commun avec mon amie Sarah Espeute appelé Klima Intérieurs. Il y a un peu plus de 5 ans maintenant nous avons décidé de nous installer à Marseille. C’est à ce moment-là que je me suis sentie capable de me lancer dans la sculpture. Quelque chose qui me faisait rêver depuis longtemps.
Quels univers t’inspirent dans la création de tes sculptures ?
Je suis une personne très émotionnelle et c’est ce qui me guide pour sculpter. J’essaie de transmettre l’énergie de l’émotion que je ressens au contact de la nature sauvage au travers de mes formes. J’aime la forme que les roches prennent au contact de l’eau, la courbe d’une branche qui a été poussé par le vent au fil des années. Il est clair que le travail de mon père photographe abstrait a nourri pour beaucoup mon imaginaire. Petite, je voyais sécher sur le fil à linge du laboratoire de mon père de nombreux gros plan en noir et blanc de détail de troncs d’arbres, de roches coupées par la foudre.
Comment te décriraient tes proches en 3 mots ?
Sauvage, passionnée, drôle.
3 livres que tu as adorés et pourquoi :)
J’ai adoré Forêt de La Relève et la Peste pour l’espoir que ça m’a donné de voir l’engagement pour la vie végétale. J’ai adoré La Prière des oiseaux de Chigozie Obioma pour le drame moderne et ce contact avec le monde des esprits qui me fascine. J’ai adoré La Femme mystifiée de Betty Friedan qui m’a permise de remettre les choses dans le bon sens à bien des égards.
Comment explores-tu et nourris-tu ton monde intérieur ?
Mon monde intérieur est très lié à mon enfance, je le nourris à chaque fois que je vis des moments naturels intenses. J’écris beaucoup en lien avec ça, j’essaie de mettre des mots sur ce que je ressens quand la pluie tombe très fort ou que le vent soulève la mer. Quand les mots ne suffisent pas je le fais avec le volume.
Quand te sens-tu particulièrement puissante ?
Je me sens puissante dans une mer déchaînée. J’adore les grosses vagues, quand j’étais enfant je jouais beaucoup dans les vagues, elles me décrochaient du sol, me faisaient voler haut et il fallait que je me concentre pour l’atterrissage. J’y ai créé mon mythe personnel, ce personnage puissant qui n’a peur de rien. Je me retrouve souvent à visualiser ce moment et à retrouver cet état pour faire face à des épreuves. Et dès que j’en ai l’occasion je vais sauter dans les vagues. Malheureusement la Méditerranée est une mer plutôt raisonnable.
De quelle manière te reconnectes-tu à toi ?
J’ai besoin de prendre des moments de solitude, où je reste chez moi, pour écrire, chanter, danser. Parfois aussi être triste. Pendant pas mal de temps j’étais frustrée de devoir prendre ces pauses. Je me sentais coupable de perdre du temps de production ou de création. Mais aujourd’hui j’ai compris que c’était nécessaire, pour être créative et réactive, alors ça se passe mieux.
Un challenge important que tu as surmonté dans ton travail et comment as-tu fait ?
Chaque gros projet se présente souvent à moi comme un challenge important. J’ai des moments où j’ai l’impression que je n’y arriverai pas. Mais finalement je prends les jour un par un et j’y arrive. C’est difficile à expliquer mais je sens que ça me fait grandir.
Quelle est une grande source de motivation dans ton travail ?
Je suis une éternelle impatiente, la plus grande source de motivation est d’avancer. De faire de nouvelles pièces, de créer de nouvelles choses. D’arriver à la pièce finale, de la mettre en scène, de la photographier, de lui créer une histoire dans laquelle elle évolue.
Une de tes plus grandes fiertés ?
Je suis fière de croire en moi, c’est un processus long et qui paraît parfois s’effondrer sur lui-même. Mais en regardant ce que j’ai fait, je me sens maintenant capable d’être fière de moi. C’est ce constat qui me donne le socle sur lequel m’appuyer pour la suite.
Le plat qui t’ouvre tout de suite l’appétit ?
Le riz ! Le cabri massalé par exemple haha Mais honnêtement tout plat qui prend pour base le riz me plait. Et en fait je ne suis vraiment pas difficile, j’aime tout et j’ai très bon appétit !
3 adresses que tu adores à marseille
Shanghai Kitchen pour manger
La Brûlerie Moka pour les pâtisseries Japonaises
Twali pour danser !
Quelle est ta recette pour un dîner entre amis ?
Classique, Cari de poulet en été et le poulet vanille en hiver !
Comment aimes-tu commencer tes journées ?
Je mange ! haha, le petit déjeuner est la chose qui me fait sortir du lit, je bois toujours du thé (de chez Lorène Millet) et je peux manger n’importe quoi, en ce moment du pain de petit épeautre avec de la confiture de papaye fait par mon papa.
Que signifie « wellness » pour toi ? Quelle est ton approche du mieux-être ?
Pour moi c’est de respecter sa propre écologie. À savoir de suivre son propre rythme, de prendre le temps qu’il faut. C’est en tout cas ce que j’essaie de me remémorer le plus. De ne pas trop être impatiente, de ne pas se faire bouffer par le planning des autres, de savoir où est ce que c’est juste pour moi. Et j’ai encore du chemin à faire !
Léa Bigot a été photographiée dans son atelier à Marseille par Louise Skadhauge.
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