Johanna solal

 

J’ai immédiatement été attirée par le travail de Johanna lorsque Provisions l’a invitée à créer une expérience créative aux multiples facettes allant du déjeuner à la scénographie en passant par l’exposition de ses peintures. Formée en stylisme, Johanna a travaillé 10 ans dans la mode à Paris avant de changer de voie et de commencer à cuisiner dans des restaurants parisiens comme le Dersou ou La Chambre Noire.

Elle s'est récemment installée à Marseille et continue d'exprimer sa créativité à travers différents média.

 
 

Peux-tu nous raconter brièvement ton parcours

J'ai fait des études de design textile, formée à l’école Duperré à Paris. J'ai ensuite travaillé pour de belles maisons de mode et de luxe pendant plus de dix, en accompagnant les artisans et les ateliers de créations.  Une carrière toute tracée mais en ayant le sentiment de ne pas y trouver ma place.  
En 2018, je décide d'entreprendre une reconversion professionnelle et passe mon CAP cuisinier. C’est pour moi un nouveau souffle, je prends goût à l’adrénaline des services, à la joie de nouvelles rencontres, et je retrouve cette créativité perdue.  


Aujourd’hui, en tant que Cheffe itinérante, mon envie est d’allier ces expériences au profit de valeurs Humaines, de faire progresser le secteur vers l’équité, avec une réelle conscience environnementale. Créer des connexions avec les artisans et les producteurs des différentes régions où je cuisine, en mettant en avant leurs produits d’exceptions.  
   
Mon équilibre se situe dans l’alliance du design, de la peinture, de la cuisine, qui se mélangent dans mon processus créatif. Ma quête est de créer un lien entre ses différentes passions avec toujours la même intention, la même sincérité.  

Finalement la peinture a toujours été présente, dans la recherche de couleurs, de matières, d’imprimés pour les textiles, ou dans les recherches de nouvelles recettes.  

Tu viens d’exposer tes peintures Aux Bons Vivres, le lieu de vie créé par Anne-Claire Héraud. Peux-tu nous raconter comment ce projet est né ?

J’ai rencontré Anne-Claire lors d’une résidence en cuisine à “La folie Barbizon”, où elle est venue diner avec son compagnon, Simon. Je l’avais contacté car Simon a créé une Amap dans le Loiret, “Les trois parcelles”, un projet passionnant et j’avais donc très envie de cuisiner ses légumes ! 

Anne claire a ensuite ouvert “Aux bons vivres” un restaurant associatif où elle met en avant des artistes et artisans. Elle m’a proposé d’y exposer mes peintures. La première exposition “Vases en série” a eu un joli succès, j'espère que la prochaine “Retour du marché” bénéficiera du même engouement.  

Quels univers t’inspirent dans la création de tes peintures ? Et tes recettes ?  

Dans les deux domaines, je travaille de manière assez instinctive et pas franchement intellectuelle. J’ai le sentiment d’aller puiser mon inspiration dans des souvenirs que j’aurai emmagasiné malgré moi.  

Jeune, j’allais voir énormément d’expositions et j’ai développé une passion pour la peinture impressionniste, le pouvoir des couleurs me fascine.  Je me suis d’ailleurs souvent dit que j’aurai dû vivre à la fin du 19e siècle.  

Il y a, je le sens, quelque chose de suranné, dans mon travail.  

Dans la cuisine aussi d’ailleurs, j’aime la cuisine simple, de tous les jours, comme on pouvait la pratiquer avant que les restaurants n’existent.  Sans artifices, allant droit au but. Comme je n’ai pas beaucoup d’attrait pour les nouvelles machines que l’on utilise dans les restaurants. J’ai un minimum d’ustensiles et cela me convient. Revenir à l’artisanat, au travail fait avec nos mains.  

Pour les recettes ce sont les lieux où je cuisine qui m’inspirent. Les régions et leurs producteurs. J’ai la chance de travailler dans différents coins de France, et j’essaie, du mieux que je peux, de mettre en avant l’essentiel : le produit et son goût.  

 
 

Comment te décriraient tes proches en 3 mots ?  

Fidèle, sincère, parfois dure avec mes proches.

3 livres que tu as adoré et pourquoi ?

Histoires extraordinaires d'Edgar Poe, le premier livre que j’ai lu en entier étant adolescente et qui ne m’a pas lâché. Son originalité, la sensibilité des personnages et leurs histoires font échos à l’âme humaine, cela m’a marqué. 

 

Tout le monde n’a pas la chance d’aimer la carpe farcie d’Elise Goldberg, elle parle de l’héritage familiale en faisant des parallèles avec la cuisine, ici bien particulière puisque juive ashkénaze, de Pologne. Son histoire me rappelle ma famille du côté maternelle et des anecdotes sur la cuisine de l’Est.    

 

Le parfum des fleurs la nuit de Leïla Slimani 

Parceque Leila slimani sais si bien parlé de l’orient, avec justesse toujours.  

Ici elle se retrouve seule dans un musée à Venise et s’interroge sur la solitude, le silence et l’art. Un éloge de l’intériorité humaine.  

Comment explores-tu et nourris-tu ton monde intérieur ?

Nous sommes plusieurs dans mon monde intérieur, donc ça dialogue pas mal ;)  Je l’explore grâce à l’autre, aux rencontres, au partage d’expériences. 

Evidemment les arts nourrissent mon monde intérieur et l’apaise surtout. Il y a là-dedans quelque chose de mystique, d’inexplicable.  

Quand te sens-tu particulièrement puissante ?

Lorsque je suis totalement en phase avec moi-même. Lorsque je peints ou cuisine et que j’atteins une concentration telle que ça devient une transe : les gestes s’enchainent de manière si naturelle et instinctive qu’il y a une vraie puissance qui en émane.  

 
 
 
 
 

De quelle manière te reconnectes-tu à toi ? 

Même si je suis plutôt en bonne entente avec moi-même, c’est avec mes proches (amis chers et famille) que je me recentre et me reconnecte à qui je suis réellement. Comme un rappel à l’ordre.  

Un challenge important que tu as surmonté dans ton travail et comment as-tu fait ?

Mon changement de métier a été une étape cruciale, j’ai dû accepter de lâcher les choses acquises, un confort établi.  

Changer de vie et tourner une page allait me demander de grands efforts. Comme gravir une montagne en sachant que la tâche serait extrêmement difficile mais y aller quand même avec conviction et courage.  

Quelle est une grande source de plaisir/motivation dans ton travail ?

Lorsque j’ai une vision sur un projet de cuisine ou de peinture et que j’ai la sensation que ce projet pourra aboutir. Lorsque cette vision prend forme et fait sens.  

 
 
 
 

Une de tes plus grandes fiertés ?

Avoir eu le courage de choisir de faire ce qui me plait sans jamais me trahir.  

Le plat qui t’ouvre tout de suite l’appétit ?

Le couscous.

3 adresses que tu adores à marseille 

  • Provisions car Jill et Saskia sont deux êtres que j'aime profondément. Elles font un travail remarquable à Marseille avec la même passion depuis plus de deux ans.  

  • Limmat pour cette cuisine simple, jamais ostentatoire ou démonstrative, cette humilité me touche beaucoup.  

  • Ivresse pour la sélection de vin et l’accueil 

 
 
 
 

Quelle est ta recette pour un dîner entre amis ?

Des pâtes fraiches ! 

Comment aimes-tu commencer tes journées ?

Un café au lit, le temps de sortir du brouillard en douceur. 

Que signifie « wellness » pour toi ? Quelle est ton approche du mieux-être ?

Pour moi le bien-être passe d'abord par le fait de bien se nourrir en partageant des bons moments avec les gens qu’on aime. Et si on peut le pratiquer au quotidien il faut être reconnaissant de cette chance !  

 

Johanna Solal a été photographiée chez elle à Marseille par Louise Skadhauge.

Sa recette de mousse au chocolat est à retrouver dans le livre Maison Loüno.

Retrouvez-nous sur insta @maisonlouno

MAISON LOÜNO

Online workshops & practice for a vibrant living

https://www.maisonlouno.com
Précédent
Précédent

Marie Veidig

Suivant
Suivant

Margaux de Fouchier